COUPET Lucien (1888-1969) - Pionniers de l'aviation & Pilote - Commandant de l'aérodrome d'essais de Melun-Villaroche

Un peu d'histoire : Article tiré du magazine La Nouvelle République.Fr

Les connaisseurs savent ce que le monde aéronautique doit à Lucien Coupet. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, en 1969, la municipalité de l'époque décida de lui donner le nom de la rue qui desservait les ateliers du fleuron de l'industrie aéronautique française, Sicma (futur Zodiac Seats France).

Pionnier dans bien des domaines et homme de records, le pilote issoldunois n'a pourtant pas la notoriété d'un Saint-Exupéry ou d'un Mermoz, qu'il a côtoyés. « Il ne voulait pas des mondanités. Il a fait le choix de rester dans l'ombre comme de nombreux autres pilotes et mécaniciens qui, comme lui, ont néanmoins rendu de grands services », résume Robert Gaudinat, auteur d'une biographie de Lucien Coupet en cours d'édition.

Né à Issoudun en octobre 1888, dans une famille de vignerons, rien ne prédestine Lucien Coupet à un tel avenir dans l'aviation. Passionné par l'art de la serrurerie, c'est d'ailleurs vers cette branche qu'il s'oriente avec les compagnons du Tour de France. A son retour du service militaire, il est embauché chez De Dion-Bouton, en région parisienne, où il est affecté à la fabrication de moteurs d'avions. Breveté pilote-aviateur dès 1914, il se voit tout naturellement confier des missions aériennes durant la Première Guerre mondiale. « Avec son frère, Léon, mécanicien, ils vont accomplir 160 missions de guerre dont 145 de nuit, en livrant 11 combats aériens », poursuit Robert Gaudinat.

Il pilotait en pantoufles

À la fin de la guerre, Lucien entre chez Farman, fabricant d'avions et de voitures, comme pilote d'essai. Il tente alors le premier raid aérien Paris-Dakar sur un bimoteur de sa société, Le Goliath. « L'idée était de prouver que cet avion était capable de couvrir des liaisons de grande distance, afin de poser les bases d'une ligne aérienne entre la France et l'Afrique coloniale. » Ils sont huit à prendre part au raid : outre les deux frères Coupet (Lucien comme pilote et Léon comme mécanicien), un autre pilote, deux autres mécaniciens et trois officiers passagers.

Le Goliatheffectuera sans problème la distance entre Paris et Casablanca. Une première à l'époque. Mais le raid n'arrivera pas à Dakar. « A la suite de la perte d'une hélice sur un moteur, l'avion a dû changer de cap et faire un atterrissage de fortune sur une plage, en Mauritanie. Un temps, on a cru l'équipage mort. Il devra sa survie à un astucieux système inventé par les frères Coupet, qui permettait de distiller l'eau de mer. Le raid n'est pas arrivé au bout, mais il a néanmoins permis de prouver qu'on pouvait relier Paris à Dakar via Casablanca. »
Autre exploit à l'actif des frères Coupet : la création de la première ligne aérienne à Cuba, de 1919 à 1921, à la demande d'un client de Farman. « Quand ils sont arrivés, Lucien Coupet n'avait même pas un champ pour faire décoller et atterrir son avion. Il a fallu tout créer, d’A à Z. Cette ligne de La Havane à Santiago existe toujours aujourd'hui. »

Pilote d'exploits, Lucien Coupet n'était cependant pas une tête brûlée. « Ses essais, il les préparait minutieusement. La peur était toujours là, mais la préparation était suffisamment précise pour minimiser les risques. » Son petit secret ? « Il voulait être à l'aise pour piloter, rapporte Jean-Jacques Desormiers, historien local. Il avait l'habitude de le faire… en pantoufles. Un jour, après un atterrissage imprévu, on l'a ainsi vu descendre de l'avion en combinaison de pilote et en chaussons. Les gens venus le chercher pour l'amener à une réception officielle se sont arrêtés en route pour lui acheter des chaussures… »

Dates-clés

Lucien Coupet est né à Issoudun en octobre 1888 et décédé en janvier 1969 à Chateaufort (Essonne).

En 1919, il tente le raid aérien Paris-Dakar ; et de 1919 à 1921, il crée, avec le matériel Farman, la Compagnie cubaine de transport aérien.

Le 18 juillet 1924, en compagnie du pilote Maurice Drouhin, il décroche le record de durée de vol (37 h 59') sur un « Goliath Farman » et porte à 102 km/h le record de vitesse sur 1.500 km.

De 1925 à 1926, il établit la ligne de transport aérien Paris-Amsterdam-Copenhague, avec un quadrimoteur Jabiru.

Le 21janvier 1930, il reçoit le brevet n°1 de pilote d'avion sans moteur, catégorie C.

Le 28 août 1931, il bat le record d'altitude avec 2.000 kg de charge, atteignant 7.507 m.

Le 16 octobre 1937, il établit le premier record de vitesse à 262 km/h, avec une charge de 10.000 kg sur un avion quadrimoteur.

 A la fin de sa carrière, il totalise 6.500 heures de vol. Il prit sa retraite en 1955. Il était alors commandant de l'aérodrome d'essais de Melun-Villaroche depuis 1949. Ses exploits aériens ont été couronnés de nombreuses médailles, notamment celle de l'aéronautique, décernée en 1954.